Limiteur de pression sonore et salle des fêtes municipale

Il arrive souvent que, après avoir reçu une ou plusieurs plaintes pour nuisances sonores concernant le bruit occasionné par une salle municipale lors de manifestations festives ou de loisirs, la municipalité choisisse d’installer un limiteur de pression sonore pour réduire le bruit de la musique. L’acquisition d’un tel matériel et son installation représentent un coût non négligeable.

Malheureusement, cette décision n’est, la plupart du temps, pas pertinente. En voici les raisons.

Le limiteur de pression sonore (en décibels) : qu’est-ce que c’est ?

Le limiteur de pression sonore est un dispositif électrique qui, à l’aide d’un microphone situé à un emplacement précis du local, mesure le niveau de bruit, c’est-à-dire le niveau de pression sonore mesuré en décibels, et réagit en fonction des seuils limites enregistrés dans le limiteur par son installateur.

Le principe est celui de ne pas dépasser un certain seuil de pression sonore, ou encore de ne pas dépasser une certaine limite mesurée en décibels. Pour ce faire, il existe deux types de limiteurs : ceux qui procèdent par coupure de l’alimentation électrique de la sonorisation en cas de dépassement (dits limiteurs coupeurs) et ceux qui procèdent par compression du niveau de pression sonore (dits limiteurs compresseurs) ; dans ce second cas, le limiteur fait partie du système de sonorisation.

Les limiteurs peuvent être réglés sur un seuil global, exprimé en dB(A) (c’est-à-dire en décibels avec une pondération dite « pondération A »), mais également dB (décibels non pondérés) sur des seuils allant des fréquences graves aux fréquences aiguës, ce que l’on appelle les bandes d’octaves .

Le limiteur peut être associé à un afficheur de décibels et à des témoins lumineux informant les utilisateurs d’un dépassement du niveau maximum admissible fixé pour l’établissement.

Le limiteur dit « coupeur »

Dans le cas d’un limiteur procédant par coupure, en cas de dépassement de la valeur seuil, une coupure de quelques secondes de l’alimentation électrique est effectuée. Au bout de trois coupures successives et dans un temps déterminé, le limiteur procède alors à une coupure définitive de l’alimentation électrique issue des prises du local.

Ce type de limiteur est prévu lorsqu’il n’y a pas de sonorisation fixe dans le local, c’est-à-dire que chaque utilisateur apporte sa sonorisation ou fait appel à un prestataire chargé de celle-ci. Son utilisation est pertinente seulement si toutes les prises accessibles pour pouvoir brancher la sonorisation sont asservies et également si celles qui ne peuvent être asservies ne sont pas accessibles… En effet, en cas de coupure définitive, les utilisateurs chercheront à brancher la sonorisation pour pouvoir maintenir la diffusion de musique. Dans ce cas, le limiteur est inactif et il n’y a plus de limitation effective…

Le limiteur dit « compresseur »

Dans le cas d’un limiteur procédant par compression du signal, lorsque les valeurs seuils sont dépassées, alors le limiteur compresse le signal électrique au sein de la sonorisation afin que le niveau de pression sonore ne dépasse plus les valeurs limites maximales.

Le limiteur procédant par compression du signal est prévu pour être intégré à une sonorisation fixe installée dans le local. Il se trouve que sur le marché, seul ce type de limiteur assure une limitation par bande d’octave imposée également par la réglementation. Ce type de limiteur implique logiquement qu’une sonorisation soit installée. Or, ceci peut représenter un coût important (jusqu’à plusieurs milliers d’euros) pour la commune.

Notez également que ce limiteur n’est pas opérant lorsqu’un orchestre intervient puisque la compression n’est faite que sur la sonorisation à demeure. Dans ce cas, il est nécessaire que la sonorisation en place inclue la possibilité de raccorder les différents instruments ; et, même dans ce cas, se pose la question de la prise en compte des enceintes de retour (celles qui servent aux musiciens pour s’entendre, à distinguer des enceintes dites de façade à destination du public).

C’est l’étude de l’impact des nuisances sonores qui permet d’évaluer la pertinence du recours à un limiteur… ainsi que ses réglages !

La seule installation d’un limiteur de pression sonore n’est pas suffisante pour limiter la gêne dans le voisinage.

En effet, comment connaître les valeurs de pression sonores en décibels à retenir pour les réglages du limiteur ? 80, 90, 100 dB(A) ?

Il se trouve que seule une étude de l’impact des nuisances sonores (EINS) – réglementairement obligatoire depuis 1999 – et réalisée par un acousticien spécialiste des lieux diffusant des sons amplifiés permet de connaître ces seuils. En fonction de différentes mesures réalisées dans le voisinage, c’est-à-dire le niveau de bruit chez les voisins sans puis avec diffusion de la musique provenant du local, et surtout en fonction de la nature de l’isolement acoustique, des seuils sont définis.

Cela signifie qu’en cas d’isolement acoustique insuffisant de la salle, alors les seuils sont abaissés de façon à respecter la réglementation chez les voisins. Ceci peut être encore aggravé lorsque le bruit de fond chez les voisins est bas ; or, pour une utilisation festive nocturne, le bruit de fond est particulièrement bas. Ceci est encore accentué dans les zones calmes par exemple situées à distance des grands axes routiers…

Ainsi, il arrive très souvent que les seuils maxima de pression sonore réglementaires dans le local soient si bas qu’ils en deviennent incompatibles avec l’activité qui s’accompagne de diffusion de sons amplifiés et qui requiert un certain niveau de pression sonore… Autrement dit, il n’est pas facile de faire danser les convives avec une musique de fond !

Toujours dans ce cas, le seuil réglé dans le limiteur est très bas et celui-ci se déclenche, même sans diffusion de musique, juste parce que les utilisateurs discutent (par exemple lors d’un vin d’honneur) et parce que le microphone mesure le bruit dans le local sans distinction des sources sonores.

Enfin, il arrive souvent que les portes ou les fenêtres du local soient ouvertes, pour permettre les entrées et les sorties, voire pour rafraîchir le local. Ceci peut constituer une importante fuite acoustique et rendre sans intérêt l’installation d’un limiteur.

Cela signifie qu’il peut être nécessaire de mettre en place des sas, une ventilation ou un système de climatisation (qui ne constituent pas une fuite acoustique ou une nuisance sonore supplémentaire) pour que le recours à un limiteur de pression sonore soit pertinent.

Le respect de la réglementation ne met pas forcément fin à la gêne liée au bruit…

L’installation d’un limiteur de pression sonore aux seuils préconisés par l’étude acoustique et avec une gestion sonore du local qui empêche toute fuite acoustique est de nature à respecter la réglementation. Or, la réglementation des codes de la santé publique et de l’environnement n’est pas fondée sur l’absence totale de bruit ; par conséquent il est possible que le voisinage ressente de la gêne et s’en plaigne.

En conclusion concernant l’installation d’un limiteur dans la salle des fêtes municipale

L’installation d’un limiteur de pression sonore dans une salle municipale n’est pas pertinente si elle n’a pas été précédée d’une étude de l’impact des nuisances sonores, laquelle évalue la faisabilité et la pertinence de l’installation d’un tel matériel, tout en prescrivant et définissant les seuils à ne pas dépasser. Et, il arrive, la plupart du temps pour des raisons d’isolement acoustique insuffisant, que l’installation d’un limiteur ne soit pas adaptée à la situation.

Ma spécialité : le conseil sur les lieux musicaux

Votre salle municipale fait l’objet de plaintes pour nuisances sonores et vous ne savez pas comment gérer la situation ? Contactez-moi pour un entretien de conseil.

Entre autres, je peux :

  • vous accompagner dans le choix d’une étude de l’impact des nuisances sonores ;
  • vous aider à comprendre l’installation d’un limiteur ;
  • vous aider à évaluer comment envisager la réalisation de travaux ;
  • rédiger un contrat de location de salle qui prévoit un engagement à ne pas occasionner de nuisances sonores ;
  • organiser une médiation avec les riverains…

Ainsi, je peux vous aider à déterminer quelles sont les solutions qui sont les plus adaptées à votre situation et vous accompagner dans leur mise en œuvre.