Les salles municipales dites “salles polyvalentes” – par principe destinées à plusieurs usages – sont devenues difficiles à concilier avec des activités qui s’accompagnent de diffusion de musique amplifiée ou, selon les termes de la réglementation, de “sons amplifiés”.

Plusieurs facteurs principaux expliquent cette situation malheureuse et assez répandue :

  1. l’évolution des sonorisations ;
  2. l’évolution de la réglementation relative aux lieux diffusant des sons amplifiés ;
  3. des bâtiments qui n’ont pas suivi ces évolutions ;
  4. la sensibilité accrue du voisinage.

1. l’évolution des sonorisations

Depuis quelques dizaines d’années, les sonorisations, qu’il s’agisse de matériel du commerce ou de celui utilisé par les professionnels, ont considérablement changé notamment pour pouvoir délivrer plus de puissance sonore en basse et très basse fréquence. Or, il se trouve que ce sont surtout ces fréquences graves qui se propagent le mieux dans l’environnement et qui sont les plus difficiles à isoler acoustiquement. Les basses fréquences, pour pouvoir être isolées, demandent une organisation des locaux particulièrement aboutie. Par exemple, concernant les parois : elles doivent être lourdes ou comporter une structure particulière prévue pour l’absorption des basses ; les basses fréquences nécessitent aussi des portes et fenêtres particulières pour éviter qu’elles ne constituent un pont acoustique (en analogie avec le pont thermique) ; l’ouverture des portes et fenêtres constitue une véritable fuite acoustique ce qui implique qu’il est important de les maintenir fermées ; or, ceci implique souvent d’installer une ventilation voire une climatisation car les utilisateurs sont amenés à ouvrir pour pouvoir rafraîchir les locaux…

2. l’évolution de la réglementation relative à la musique électriquement amplifiée – dite « sons amplifiés »

Un décret de 1998, modifié en 2017, réglemente en particulier les lieux qui diffusent de la musique amplifiée – c’est-à-dire la musique qui est amplifiée par une sonorisation, à opposer à la musique dite acoustique, sans amplification électrique – plus précisément désignés par lieux diffusant des sons amplifiés.

Cette réglementation s’applique aux risques auditifs, en imposant des limites en décibels à ne pas dépasser pour limiter les risques auditifs. Cette réglementation s’applique également aux nuisances sonores ressenties par les voisins de ces lieux, notamment en imposant la réalisation d’une étude de l’impact des nuisances sonores (EINS), et cela, depuis 1999.

Cette étude a pour finalité de définir des modalités de gestion sonore des locaux dans lesquels sont diffusés des sons amplifiés. Les niveaux de pression sonore à ne pas dépasser dans les locaux pour pouvoir respecter la réglementation dans le voisinage constituent ainsi une des importantes conclusions de cette étude. L’étude précise également les conditions dans lesquelles sont valables ces limites, par exemple, avec les portes et les fenêtres maintenues fermées. Il est parfois conclu à la nécessité d’effectuer des travaux d’isolement acoustique, sous réserve de faisabilité, en particulier pour le bâti ancien.

Il se trouve que le décret de 2017 a modifié – à la baisse et de manière significative – les valeurs réglementaires chez les riverains…

3. des bâtiments qui n’ont pas suivi cette évolution

La grande majorité des locaux municipaux destinés à des activités de diffusion de sons amplifiés, qu’il s’agisse de salles polyvalentes ou de salles des fêtes, a été construite au cours du vingtième siècle, voire avant. Bien entendu, dans la plupart des cas, la question de la gestion sonore n’a pas été abordée dès la conception… Depuis lors, quand des modifications ont été apportées, elles portent surtout sur l’acoustique interne des locaux – limiter la réverbération dans le local pour un usage plus adapté pour les utilisateurs – mais pas sur l’isolement acoustique par rapport à l’extérieur du local, qui demande une analyse sur le plan acoustique ainsi qu’une évaluation de faisabilité tant sur le plan structurel que sur le plan financier.

Aujourd’hui, avec la montée en puissance des basses à l’intérieur des locaux, l’abaissement des valeurs réglementaires dans l’environnement et des bâtiments dont l’isolement acoustique n’a pas évolué, on se retrouve logiquement avec des incompatibilités entre le local municipal et les activités qui s’y déroulent.

Autrement dit, les études de l’impact des nuisances sonores concluent à des valeurs limites à ne pas dépasser dans le local pour pouvoir respecter la réglementation chez les voisins qui sont particulièrement basses et ainsi incompatibles avec les activités de diffusion de sons amplifiés.

Par exemple, il n’est pas possible d’organiser une soirée festive lorsqu’on est contraint pour des raisons d’isolement insuffisant à ne pas dépasser réglementairement 75 dB(A) dans le local. Pour rappel, la seule présence de personnes en train de discuter sans musique, par exemple dans le cadre d’une réception, est de l’ordre de 85 dB(A), c’est-à-dire bien au-dessus de cette valeur réglementaire prise pour exemple…

4. la sensibilité accrue du voisinage

Est-il nécessaire de rappeler quel événement mondial a rendu à partir de 2020 une part importante de la population plus sensible au bruit qu’auparavant ?… Cette sensibilité accrue signifie que pour des bruits de pression sonore équivalente, la sensation de gêne est plus importante.

Cette sensation de gêne a des effets sur la santé qui s’ajoutent aux effets du bruit sur la santé et peu entraîner une anxiété accrue ainsi que des troubles du comportement qui peuvent contribuer à expliquer la véhémence parfois rencontrée dans la communication de certains voisins de la salle polyvalente.

En conclusion

Un local municipal dont la destination est de recevoir des activités qui s’accompagnent de diffusion de sons amplifiés doit impérativement intégrer – dès sa conception – les aspects acoustiques et relatifs à la gestion sonore du local. Ces objectifs doivent être largement prioritaires par rapport aux autres objectifs. Ainsi, cette priorisation rend le local peu polyvalent mais spécialisé en la matière.

Ainsi, la salle polyvalente d’aujourd’hui conserve sa polyvalence mais pas pour les usages qui comportent de la diffusion de sons amplifiés qui exigent, pour pouvoir se dérouler dans des conditions normales, un local spécialisé.

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