Bars à ambiance musicale : quand ne pas mettre de limiteur de pression sonore ?

Le limiteur de pression sonore est un dispositif qui permet de limiter le volume de la sonorisation d’un lieu diffusant des sons amplifiés, la plupart du temps de la musique amplifiée. De nombreux établissements comme les discothèques ou les bars à ambiance musicale recourent à ce dispositif qui a pour objectif de ne pas dépasser certains niveaux de pression sonore (en décibels).

Dans cet article, j’explique pourquoi il y a des situations pour lesquelles il n’est pas recommandé d’installer un limiteur.

Le limiteur de pression sonore : qu’est-ce ?

Le limiteur est composé d’un microphone et d’un boîtier principal inséré au sein du système de sonorisation. Ainsi, le niveau de pression sonore est mesuré en permanence. C’est bien le niveau de pression sonore qui est enregistré ; le limiteur ne fait pas d’enregistrement audio. En fonction des niveaux de réglage (en décibels), une action (le plus souvent une compression du signal audio au sein de la sonorisation) est déclenchée, et cela, afin de ne pas dépasser ces niveaux de réglage.

Les deux objectifs à l’origine de l’obligation réglementaire du respect de ces niveaux sont :

  1. limiter les risques auditifs pour les clients ;
  2. respecter les émergences de bruit dans le voisinage.

Le fait que le limiteur mesure le niveau sonore sans distinction des sources de bruit – c’est-à-dire y compris ceux qui proviennent de la clientèle (discussions, brouhaha, instruments de musique acoustiques, etc) – constitue une des données importantes dans la gestion du niveau sonore et il me semble important d’avoir cela à l’esprit.

Quand installer un limiteur ?

Seule la réalisation d’une étude de l’impact des nuisances sonores (EINS) permet de définir les niveaux de réglage du limiteur de pression sonore.

Cette étude acoustique est obligatoire depuis 1999 ; elle conclut notamment à des niveaux de pression sonore à ne pas dépasser pour respecter les émergences de bruit dans le voisinage. En effet, sans cette étude, comment régler le limiteur : 80 dB(A), 100 dB(A) ou un autre niveau ?

Première recommandation : ne pas installer de limiteur tant que l’EINS n’a pas été produite.

En revanche, il est pertinent de s’interroger sur l’emplacement du microphone du limiteur avant et/ou en collaboration avec le prestataire qui réalise l’EINS. En effet, comme le limiteur mesure le niveau sonore sans distinction des sources, cette question est fondamentale pour éviter de mesurer principalement le bruit émis par la clientèle… Il y a un emplacement optimal qui correspond la plupart du temps à l’endroit de plus haut niveau sonore requis par la sonorisation pendant l’activité.

En fonction des conclusions de l’EINS, il peut être pertinent – ou pas – d’installer un limiteur de pression sonore.

Grosso modo, l’EINS définit des niveaux à ne pas dépasser dans l’établissement en fonction de plusieurs critères, notamment :

  • le bruit de fond dans le voisinage – c’est-à-dire le bruit mesuré dans le voisinage et sans le bruit provenant de l’activité – pendant les périodes les plus calmes des horaires de fonctionnement de l’activité ;
  • l’”isolement acoustique” du lieu – conditionné par l’isolement des murs, toitures, fenêtres, ouvrants, sas (etc) – par rapport au voisinage.

👉 Explication : J’ai mis entre guillemets “isolement acoustique” car ce qu’on mesure n’est pas, à proprement parler, l’isolement acoustique du lieu, mais plutôt un ensemble d’atténuations entre : 1) le point de mesurage dans le local pendant la réalisation de l’étude acoustique, la plupart désigné par point d’émission et, 2) les points en réception dans le voisinage. Pour un point en réception donné, la mesure d’une atténuation dépend par exemple de la distance entre les points d’émission et de réception.

Ainsi, un établissement acoustiquement bien isolé et très éloigné de toute habitation pourra diffuser aux seuils les plus hauts définis par la réglementation pour la préservation des risques auditifs – 102 dB(A) pour le seuil en décibels pondérés A.

En revanche, dès que l’isolement acoustique n’est pas suffisant, les seuils sont définis plus bas.

Vous comprenez ainsi que plus l’isolement acoustique vis-à-vis du voisinage est bas (et aussi plus le bruit de fond dans le voisinage est bas), plus les seuils réglementaires du lieu sont bas… au risque de se retrouver avec des niveaux de pression sonore à ne pas dépasser trop bas pour pouvoir y diffuser dans des conditions attendues pour l’activité.

Autrement dit, une activité de discothèque est difficilement envisageable si on ne peut pas “monter” le son… idem pour les bars ambiance.

Régler un limiteur à un seuil trop bas peut même impliquer qu’un niveau sonore provenant de la clientèle (discussions, brouhaha) déclenche la compression du signal alors même qu’on ne diffuse pas de musique !

Seconde recommandation : lorsque les niveaux de pression sonore conclus par l’EINS sont trop bas pour l’activité, ne pas installer de limiteur car il risquerait de se déclencher à des seuils qui ne permettent pas à l’activité de se dérouler dans des conditions normales. Toujours dans ce cas, seuls des travaux de renforcement de l’isolement acoustique sont de nature à pouvoir définir un seuil réglementaire interne plus haut.

Lorsque les niveaux de réglages du limiteur sont “limites”

Dans mon passé d’inspecteur j’ai rencontré des exploitants d’un bar ambiance et qui étaient très investis dans la mise au normes de leur établissement au regard de la réglementation des Codes de la santé publique et de l’environnement. Ils avaient installé un limiteur avec des réglages un peu juste pour leur activité et me confiaient avoir l’impression d’être devenus des gestionnaires sonore : ils passaient une bonne partie de leur temps et de leur énergie à gérer la sonorisation, les yeux rivés sur l’afficheur de décibels.

Force est d’admettre que le fait de devoir gérer le niveau sonore ne constitue ni le cœur de métier d’un exploitant de bar à ambiance, ni une activité particulièrement agréable.

En clair, le recours au limiteur est pertinent lorsqu’on on a une marge confortable entre le niveau maximum requis par l’activité et les seuils réglementaires.

Là aussi il est pertinent de s’interroger sur la faisabilité de travaux de renforcement de l’isolement acoustique.

Compatibilité du recours au limiteur avec l’activité de sons amplifiés

Le fait est que les exploitants des lieux qui diffusent des sons amplifiés réalisent l’EINS la plupart du temps après ouverture de l’établissement et c’est là, à mon sens, qu’ils prennent un risque important concernant la pérennité de leur activité. Ils courent le risque de constater un déficit d’isolement nécessitant d’importants et coûteux travaux (généralement non budgétés) ; ils courent également le risque que des travaux d’isolement acoustique ne soient pas possibles pour des raisons pratiques, financières ou relatives à la structure du bâtiment.

Autrement dit, installer une activité de discothèque ou de bar ambiance dans un lieu sans que l’EINS ait été faite au préalable, c’est comme acheter une voiture d’occasion sans l’avoir vue ni fait contrôler, et sans connaître son kilométrage : on court le risque d’acheter une voiture qui ne permettra pas, ou pas très longtemps, de rouler.

Ma spécialité : le conseil sur les lieux musicaux

Vous envisagez de réaliser une EINS ? Vous vous interrogez sur les conclusions de cette étude ? Contactez-moi pour un entretien de conseil.

Entre autres, je peux :

  • vous accompagner dans le choix d’une étude de l’impact des nuisances sonores ;
  • vous aider à comprendre l’installation d’un limiteur ;
  • vous aider à évaluer comment envisager la réalisation de travaux.

Ainsi, je peux vous aider à déterminer quelles sont les solutions qui sont les plus adaptées à votre situation et vous accompagner dans leur mise en œuvre.